Joseph Arthur

Le New Morning, le 3 juin 2002


The Joseph Arthur rock ’n roll explosion


Entorse à la sacro-sainte règle puisque ce soir il n’y a pas eu Pina en première partie, ni de première partie d’ailleurs !
Quand Joseph pose le pied sur la scène rien ne laisse présager que ce dernier va livrer bataille entre folk, rock graisseux et expérimentation purement arthurienne pendant plus de 2h30 dans un New Morning surchauffé. Laborantins d’un soir, ce sont le batteur et le bassiste de Kula Shaker qui vont l’assister sur certains titres. Fort de sa position de leader d’un groupe, qui se résume d’ailleurs à sa seule et unique personne, Joseph Arthur en profitera pour présenter ni vu ni connu une bonne poignée de nouveaux titres qui pourraient bien constituer un nouvel album. A croire que le tour de l’Europe qu’il a entamé en mars n’est pas encore venu à bout de lui.

Infatigable, certes, mais moins appliqué, car après avoir joué quelques titres seul (« Mercedes », « Invisible hands »…) il se laisse aller avec ses musiciens à des interprétations plus ou moins aléatoires de ses compositions. Cette nouvelle configuration au lieu d’offrir une autre approche de sa musique va en définitive la banaliser, voire la dépersonnaliser. Peut-être était-ce le but escompté? Faire une musique plus accessible, qui lui permette de se décharger de ce titre d’ « esprit torturé » de la musique.
Ceci dit, à peine les premières notes de « I donated myself to the mexican army » jouées, on commence à regretter d’avoir applaudi les deux musiciens additionnels à leur entrée sur scène! Si ce titre fut taillé en pièces, d’autres au contraire se font une seconde jeunesse. Le tubesque « In the sun » bénéficie enfin après des années de bons et loyaux services d’une interprétation live à la hauteur de la version originale. Sur « I would rather hide » l’équilibre entre expérimentations soniques et accompagnement est enfin atteint, mais vite perdu; le côté savant fou a volontairement été mis en veille ce soir pour laisser plus d’espace au rock'n'roll pur et dur. Loin de se retirer derrière ses deux acolytes, Joseph parvient par tous les moyens à capter l’attention du public : solos démonstratifs, chansons pop, gros son de guitare électrique…
Les nouveaux morceaux s’emboîtent avec fluidité, créant une atmosphère excitante, laissant de fait peu de place aux vieux airs, mais qui devient pesante à la longue.
On retient surtout du songwriter la prise de risque et la volonté de toujours surprendre un public qui ne se lasse jamais de ses expérimentations où qu'elles le mènent.



Rita Carvalho